Jean-Luc VERET, plasticien & Jérôme BRAQUE, vidéaste
Les tentatives et les démarches expérimentales menées par les cinéastes pour produire du film sans image - uniquement avec la bande-son, inspirent de la narration dans l’esprit du spectateur. De ce fait, j’accompagne de sonorités certaines de mes toiles sur lesquelles sont inscrites des mots.
The trials and the experimental reasoning carried out by cinematographers when they create a movie without pictures – simply by removing the soundtrack – spark off a narrative in the mind of the viewer. Thusly, I add a soundtrack to some of my paintings on which words are written."
« Amer » installation vidéographique – Bâtiment d’accueil
Un amer est un point de repère fixe et identifiable sans ambiguïté utilisé pour la navigation maritime. Dans l’antiquité et jusqu’à l’avènement de cartes géographiques, les marins naviguaient à vue et se repéraient en utilisant des documents qui décrivaient les côtes abordées, et qui signalaient principalement les amers. Comme en navigation, la pensée plastique hésite continuellement sur la forme à donner à l’objet car ce moment de l’invention l’oblige à chercher des repères remis continuellement en question. Des allers-retours en haute mer, des accostages…
Les accumulations de brindilles, les bandes claires isolées ou non, les traits sur les fonds de couleurs sombres ou colorées sont des amers, des points de repère qui guident mes pensées m’orientent à l’entrée d’un port imaginaire à chercher asile au château.
« Meurtrières et Meurtrissures » installation sonore et peinture – entrée Donjon
Le château, forteresse si accueillante, est aussi un lieu vulnérable par définition car il incite l’autre à le défier. La meurtrière, cette fente d’où l’on tire à couvert sur les assiégeants, symbolise cette tension entre l’existence d’une hostilité et de sa propre vulnérabilité.
L’acte de création, quel qu’il soit, avec ses lâcher-prises, ses doutes, est aussi un moment de tension entre l’étrange univers qui nous entoure et celui d’en proposer une vision.
Observer par la meurtrière, offre un point de vue, un ressenti. Cela affirme une certaine attitude et nous invite à nous interroger et à tenir notre conscience en éveil.
A sea mark is a fixed point that is identifiable without any ambiguity and is used as an aid to navigation.
During the Antiquity and until the common use of geographical maps, sailors would navigate visually and use documents that would describe the coastlines and indicate the location of the sea marks. As is the case in navigation, the visual arts’ thinking, in motion and in its quest, constantly hesitates about the shape it should give to the object of its research. Indeed, this moment of invention forces it to look for reference points that are constantly shifting.
The accumulations of twigs, the isolated light stripes, the lines on dark or coloured backgrounds: all of these are sea marks. They are reference points that guide my thoughts and direct me toward the entrance of an imaginary harbour in order to seek refuge inside the castle.
The castle is a homely fortress but it also is vulnerable, especially because it is an invitation for a challenge. The archer hole is a slit from which one can shoot undercover from the besiegers. It represents the tension between the existence of hostility and its own vulnerability. The act of creation, whichever it is, with its abandonments and doubts, also embodies a tension between the strange environment that surrounds us and the temptation to suggest a new one. Observing through an archer hole provides a point of view, a feeling. This enforces a certain attitude and invites us to ask ourselves questions and keep our conscience awake.
